La coopération : étape 2 !

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ETAPE 2 : "La Carte n’est pas le Territoire "

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Chacun d’entre nous construit sa propre vision du monde et, par conséquent, chacun d’entre nous a sa propre représentation du monde. Il n'existe pas de carte unique : « la carte n’est pas le territoire » !

Cette notion, développée par Alfred Korzybski (Ingénieur, chercheur en sciences humaines et fondateur de la sémantique générale), correspond au fait que nous percevons le monde (le territoire) à travers nos sens (vue, toucher, ouïe, odorat, goût) et les filtres de notre cerveau. Nous nous en faisons une représentation interne (la carte), cette représentation n’est pas la réalitémais notre réalité. Cette notion est également un de présupposé de la Programmation Neuro Linguistique développée par Richard Bandler et John Grinder dans les années 70.

Nous voyons donc les choses différemment les uns les autres et évidemment nous ne nous arrêtons pas là puisque nous projetons notre vision du monde sur tout ce qui nous entoure et nous utilisons notre carte pour lire le territoire (les intentions) d’autrui.

L'invention de l'intention : l'interprétation

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Nous ne pouvons connaître l’intention de l’autre si ce n’est en le lui demandant explicitement et encore faut-il qu’il en ait pleinement conscience (ce qui n’est pas toujours évident). Le faisons nous toujours ?...

Aujourd’hui, les neurosciences nous apportent un éclairage nouveau sur le fonctionnement du cerveau. A savoir, celui-ci ne voit que ce qu’il connaît et les éléments que nous percevons sont déjà déformés avant de rejoindre les aires de traitement dans notre cerveau. De nombreuses expériences nous en font la démonstration : un cadre rectangulaire qui tourne autour d’un « faux axe » sera vu comme une parfaite ellipse tournant autour de son axe ! Un masque en creux sera vu comme un masque en relief, simplement.

En reprenant les travaux de Chris Agyris (professeur à Harvard) qui décompose le fonctionnement de notre cerveau en un certain nombre « d’opérations » à partir des données et expériences observables (niveau 0).


  • Dans un premier temps (Niveau 1), le cerveau sélectionne les informations. Même si, notre cerveau enregistre une quantité impressionnante de données, il ne va sélectionner que celles jugées utiles. Dans bien des cas de la vie courante, cette sélection nous est utile, voire vitale (ie. la conduite en voiture, la lecture), tandis que dans d’autres, elle peut nous conduire à une mauvaise compréhension de la réalité.


  • Puis, à partir de ces données sélectionnées, nous y ajoutons notre interprétation (Niveau 2). Cette interprétation est issue de notre environnement culturel (ie. le rire dans les sociétés occidentales et orientales n’a pas le même sens). L’interprétation est aussi liée à nos croyances (ce qu’il est bon de faire, ce qu’il est important de faire selon nous).


  • À partir de notre interprétation, nous faisons des hypothèses (Niveau 3) et nous en tirons des conclusions (Niveau 4).


  • Ces conclusions consolident des convictions que nous avons sur le monde, ou créent de nouvelles convictions (Niveau 5


  • Nous prenons nos décisions à partir des convictions ainsi développées (Niveau 6).


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Nous passons le plus clair de notre temps dans une partie abstraite, que nous partageons très peu (niveau 1 à 5). Nous prêtons alors à l’autre des intentions (bonnes ou mauvaises) que nous ne validons presque jamais mais dont nous sommes convaincus. Ces présomptions et les conclusions sont particulièrement difficiles à vérifier si ce n’est par un dialogue, le feedback, une écoute active de l’autre emphatique et dégagée de nos aprioris et convictions.


La Coopération nécessite d’éclaircir nos processus mentaux et d’écouter les intentions de l’autre, plutôt que de les interpréter de notre côté. Ce mouvement qui part de soi vers l’autre, nous permet de comprendre les intérêts et les envies de chacun pour construire une voie qui les réconcilie le plus possible.


Marc FIORI